Les phytostérols, des lipides présents chez les végétaux, sont devenus de réels arguments de vente, notamment dans le domaine des produits frais tels que les yaourts et les margarines.
Ces alicaments, autrement dit ces aliments dont la composition aurait un effet positif sur la santé du consommateur, sont-ils un leurre ou réellement utiles ?
Qu'est-ce que les stérols ?
Les stérols sont un groupe de lipides composés d'une structure chimique particulière appelée « noyau stérol ». Le cholestérol est un lipide qui fait partie de la famille des stérols.
Les stérols sont présents chez les animaux et les végétaux. Ils sont des constituants essentiels des membranes des cellules. Chez l'homme, les stérols participent également à la fabrication de nombreuses hormones comme les hormones stéroïdes (ex. : testostérone), mais aussi les acides (sels) biliaires et la vitamine D.
Bon à savoir : le cholestérol est le principal stérol présent chez les animaux. Bien qu'il ait mauvaise réputation, il est absolument essentiel au bon fonctionnement de l'organisme. C'est lorsqu'il est en excès qu'on parle d'hypercholestérolémie.
Qu'est-ce que les phytostérols ?
Les phytostérols sont des stérols naturellement présents dans les végétaux. Ils sont extraits de certaines légumineuses et céréales, ainsi que d'huiles végétales (soja, maïs, tournesol, etc.). Les phytostérols sont en quelque sorte l'équivalent du cholestérol, mais chez les végétaux.
Ils sont également présents dans plusieurs produits du commerce dits « anti-cholestérol » (produits laitiers et matières grasses comme le beurre, la margarine) qui sont enrichis en phytostérols. Ils existent aussi en capsules ou en gélules, qui doivent être prises pendant les repas.
Lors de la digestion, les stérols végétaux sont en compétition avec le cholestérol, dont ils réduisent alors l'absorption dans l'intestin. Cela entraîne alors une diminution du taux de cholestérol LDL, ou mauvais cholestérol. Ainsi, les aliments enrichis en stérol réduisent entre 7 et 10 % les taux sanguins de cholestérol LDL, pour une consommation de stérols de 1,5 à 3 g/j, en tenant compte de la quantité apportée par l'alimentation habituelle.
Bienfaits anti-cholestérol
Les phytostérols, et les phytostanols (un sous-groupe des phytostérols) sont des composants naturels issus de végétaux tels que :
- les oléagineux : on tire de leurs graines une huile (noix, noisettes, etc.) ;
- les fruits et légumes (maïs, raisin, etc.).
Les phytostérols ont la particularité d'empêcher l'absorption d'une partie du cholestérol par l'intestin et ainsi d'augmenter l'élimination du cholestérol puisé dans l'alimentation.
Ces constatations ont permis de vendre pendant des années des margarines et autres produits de consommation courante comme étant anti-cholestérol ou propres à diminuer les risques de maladies coronariennes.
Il est démontré scientifiquement que les phytostérols sont très efficaces pour diminuer le taux de cholestérol sanguin.
Limites de ces bienfaits
Force est de constater que les lois du marketing sont à l'origine d'une véritable ambiguïté.
Des études scientifiques, dont les résultats ont été confirmés en juin 2014 par l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation (ANSES), ont permis de démontrer que consommer des produits enrichis en phytostérols et en phytostanols ne permet pas de lutter contre toutes les maladies cardiovasculaires, contrairement à ce que précisent les indications portées sur certains emballages de ces alicaments (aliments considérés comme bons pour la santé).
En revanche, l’effet des aliments enrichis en phytostérols sur le taux sanguin de cholestérol n'a pas été remis en cause.
Bon à savoir : pour lutter efficacement contre les maladies coronariennes, il est indispensable de conserver tout au long de sa vie une alimentation équilibrée, de favoriser les fruits et légumes de saison, d'exercer une activité physique régulière à tout âge et de ne pas fumer.
Aliments enrichis en phytostérols : quels risques pour la santé ?
Si les maladies cardiovasculaires sont aujourd'hui un réel fléau pour la population (150 000 décès par an), il est important de préciser qu'aucun effet préventif des phytostérols sur les maladies cardiovasculaires n'a été prouvé.
Quels risques ?
Il est prouvé que la consommation de produits enrichis en phytostérols représente certains risques pour la santé. Il faut donc retenir que :- L'excès de phytostérols entraîne dans le sang une concentration de bêta-carotène préjudiciable aux enfants, aux femmes enceintes et aux femmes allaitantes. Ils diminuent également l’absorption de la vitamine A, nécessaire à la croissance du fœtus et des enfants.
- À taux normal, le cholestérol dans le sang est indispensable. Il est donc inutile, voire dangereux, de vouloir à tout prix faire baisser son taux de cholestérol. Seul un médecin peut détecter une hypercholestérolémie et adapter le traitement qui convient à son patient.
- Il ne faut absolument pas remplacer un traitement hypocholestérolémiant sans avis médical par des produits enrichis en phytostérols au motif qu'ils sont naturels.
- Les personnes traitées contre l’excès de cholestérol avec de l'ézétimibe doivent être prudentes : ce médicament possède le même mécanisme d’action que les phytostérols et des interactions entre les deux substances pourraient nuire à leur efficacité.
- Si vous êtes traité avec une statine, les phytostérols peuvent augmenter les effets des statines ; ce qui peut justifier une adaptation du traitement que seul pourra faire votre médecin.
Enfin, les personnes atteintes de certaines maladies rares comme la phytostérolémie (ou sitostérolémie)ou la xanthomatose cérébrotendineuse doivent éviter de consommer des phytostérols et des phytostanols.
Effets secondaires
Les effets indésirables des phytostérols et des phytostanols (sous-groupe de phytostérols) sont rares. Cependant, ils peuvent être responsables de troubles digestifs comme l'émission intempestive de gaz, d'une diarrhée ou a contrario d'une constipation.
La prudence est de mise puisqu'un excès de ces substances pourrait diminuer l’absorption de vitamines A, D, E et K, ainsi que celle de molécules antioxydantes comme le bêta-carotène.
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